Texte édité dans La dépêche du Midi à l’occasion de l’exposition au centre Albin Minville à Toulouse en décembre 1976.
Richard Maguet est né à Amiens en 1896. Il a d’abord travaillé avec le peintre et illustrateur Berthold Mahn qui ne cessa de le soutenir. Durant l’entre-deux guerres, Richard Maguet, fixé à Paris, montrera plusieurs expositions particulières et participera à plusieurs salons, dont le Salon d’automne. Attiré, comme beaucoup d’autres artistes d’origine nordique par les pays du Sud, ce Picard visitera le Languedoc et la Provence, En 1932, la bourse d’Abd-el-Tif lui permettra de séjourner en Algérie et au Maroc, dont les sites et la lumière influenceront profondément la vision du peintre. À la veille du second conflit mondial, R. Maguet est fort connu et apprécié de toute une élite d’artistes et de collectionneurs. Mobilisé dans un régiment de Spahis, il mourra la 16 juin 1940, à Sully-sur-Loire. À travers ses œuvres (peintures et dessins), Richard Maguet apparaît comme un peintre épris de vérité. Un peintre authentique et non un copiste du réel. Une toile de Richard Maguet est d’abord bien construite et bien composée. Dans sa sage figuration, elle offre, le plus souvent des nuances chromatiques d’une prenante et sensible justesse. Cette peinture-là, malgré les apparences, n’est pas une peinture facile. Tout en s’imposant par ses qualités spécifiquement picturales, elle nous propose une interrogation passionnée et lucide du visage du monde. Un visage qui est souvent celui du bonheur, mais d’un bonheur qu’on devine menacé. Richard Maguet, nous l’éprouvons devant ses natures mortes et ses paysages, ses portraits et ses compositions à personnages, s’est senti lié aux êtres et aux choses “d’un lien mortel” D’où la sereine émotion et la discrète ferveur de la vision de ce laudateur conscient de la vie qui a été, au noble sens du terme, un peintre humaniste. La peinture. de Maguet revêt le sens d’une quête courageusement menée a travers le tragique de l’histoire. Elle est une peinture d’acquiescement, comme a dit Albert Camus dans le beau texte de présentation : “ non qu’elle soit tout entière abandonnée à la jubilation. On y soupçonne parfois l’effort et le drame solitaire. Mais il s’agit d’une tragédie tranquille. Et depuis ses premières toiles, aux tons sourds, jusqu’aux scènes en plein air, on sent une respiration cheminer, s’élargir et s’affirmer enfin avec toute la gloire de la vie. La sensualité, d’abord tourmentée, se libère et s’affine. C’est alors l’instant du “oui”, cette heure où les saisons éclatent, où des bouquets de lumière foisonnent autour des visages tranquilles de la sagesse. Une quête qui se termine, ici, dans une Ithaque de Lumière”.